Mon avis sur Les Archives Tintin (Atlas), vol. 8 – Le Lotus bleu

Le « Lotus bleu » est le premier tome de la série pour les lecteurs français. Les lecteurs belges recevant « Le Secret de la Licorne » comme premier envoi (et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre !), il m’aura fallu patienter quelque peu avant de découvrir cet album charnière dans la carrière d’Hergé.

5_Lotus_Bleu

La figurine qui accompagne l’album.

 

 

Voici ce que contient exactement l’album :

 

JOURNAL 1934-1935 (PP. 5-7)

LA BELGIQUE EN DEUIL – PREMIÈRE RENCONTRE D’HITLER ET DE MUSSOLINI – NUIT SANGLANTE EN ALLEMAGNE – ALEXANDRE DE YOUGOSLAVIE EST ASSASSINÉ À MARSEILLE – FAIBLESSE ET NUAGE SUR L’ENTENTE – PREMIÈRE DÉCHIRURE DU TRAITÉ DE VERSAILLES. MESURES CONTRE LES JUIFS – HITLER DÉFINITIVEMENT MAÎTRE DE L’ALLEMAGNE – DE LA SCÈNE À L’ÉCRAN – RÊVE D’EMPIRE. L’AFFAIRE ÉTHIOPIENNE – LA SARRE CHOISIT L’ALLEMAGNE – L’URSS MET FIN À SON ISOLEMENT – VIENNE : MEURTRE À LA CHANCELLERIE – EXPOSITION DE BRUXELLES – CITROËN LANCE LA TRACTION – NOUVELLES D’AILLEURS… JAPON, CHINE – PREMIÈRES PURGES STALINIENNES – ÉCHOS DE LA BANDE DESSINÉE – TRAVERSÉE INAUGURALE DU NORMANDIE – LA MODE 34/35

LES SOURCES DE L’ŒUVRE (PP. 8-15)

LA CHINE – LA CONCESSION INTERNATIONALE – LE JAPON – LES ÉVÉNEMENTS – LA SOCIÉTÉ DES NATIONS – TINTIN RADIOAMATEUR – TCHANG TCHONG-JEN

REVUE DE DÉTAILS (PP. 16-20)

RANCHI – LE PAQUEBOT DU RETOUR – LA FLOTTE JAPONAISE – LE TRAIN BLINDÉ – L’AUTOMOBILE RÉQUISITIONNÉE – LES VÉHICULES AUTOMOBILES – L’AUTOMITRAILLEUSE – TENUE DES TROUPES JAPONAISES – LES TROUPES BRITANIQUES – LES DÉCORS DE SHANGHAI – L’OPIUM EN CHINE _ AU CINÉMA – PETITE BIZARRERIE DU SCÉNARIO

LES SECRETS D’UNE CRÉATION (PP. 21-25)

PINCEAUX CHINOIS – UN ART – PRIS SUR LE FAIT – JEUX DE LUMIÈRE – LE DÉCOR AD HOC –BLEU DE CHINE – UNE CHINE AUTHENTIQUE – UN FIGURANT DOCILE – AUX PIEDS, MILOU !… – TRANSPARENCES

LES ACTEURS (PP. 26-31)

TINTIN – …ET MILOU – TCHANG TCHONG-JEN – CIPAÇALOUVISHNI – DAWSON – DIDI – DUPONDT – FANG SE_YENG – GIBBONS (W.R.) – HARANOCHI – HONORAT – HYMANS – LIOU JU-LIN – MAHARADJA DE RAWHAJPOUTALAH – MITSUHIRATO – RASTAPOPOULOS – WANG JEN-GHIÉ – YAMATO – AUTRES ACTEURS – FIGURANTS – …ET UN PARTICULIER INTÉRESSANT

TINTIN FAIT LA UNE DU PETIT VINGTIÉME (PP. 32-39)

LE MYSTÈRE TINTIN (PP .40-41)

L’ALBUM – LE LOTUS BLEU (PP. 43-108)

PENDANT CE TEMPS… HERGÉ (PP. 110-123)

CHRONOLOGIE HERGÉ 1934-1935 – LES AUTRES HÉROS : QUICK ET FLUPKE, POPOL ET VIRGINIE – LES AUTRES ACTIVITÉS : LA PRESSE, LA PUBLICITÉ, PROGRAMMES ET PLAQUETTES, CATALOGUES, ILLUSTRATIONS, L’OISEAU DE FRANCE, LES FILMS FIXES

COLLECTIONNEURS ET COLLECTIONS (PP. 124-128)

COUVERTURES ET COTES DES DIFFÉRENTES EDITIONS DE L’ALBUM – BIBLIOGRAPHIE – EDITIONS ÉTRANGÈRES ET TRADUCTIONS RÉGIONALES

 

Voici mon avis détaillé sur le contenu.

I. Préface

 

Journal 1934-1935

La revue de presse se concentre essentiellement sur la montée du nazisme et du fascisme en Europe, ainsi que l’évolution politique en union soviétique. Des articles qui donnent froid dans le dos…

 

Les sources de l’œuvre

Jean-Marie Embs et Philippe Mellot reviennent longuement sur le contexte politique dans lequel se situe cet album de Tintin : l’instabilité politique en Chine et les ambitions impériales japonaises. Au passage, ils évoquent l’histoire des concessions internationales de Shanghai – une page d’histoire indispensable si l’on veut comprendre l’album. Le tout illustré d’authentiques documents ayant inspiré des dessins à Hergé. Ils consacrent également une double page à la rencontre entre Hergé et Tchang, et son influence sur la suite de l’œuvre d’Hergé.

 

Revue de détails

Paquebots, bâtiments de guerre, voitures, blindés, uniformes, costumes chinois, décors de Shanghai… tout y est. Les auteurs évoquent même, image à l’appui, une scène de cinéma qui a incontestablement inspiré Hergé. Seul l’encart consacré à l’opium en Chine n’est pas à sa place : il aurait dû figurer dans les « sources de l’œuvre » à mon avis. Mais c’est un détail…

 

Les secrets d’une création

Cette fois, enfin !, Philippe Goddin nous livre quelques secrets d’atelier. Il nous montre comment Hergé passe d’une photographie à la caricature qu’est le visage de Mitsuhirato. Il présente un dessin inhabituel dans lequel Hergé met en pratique l’enseignement de Tchang : une vignette reprenant une case du « Lotus Bleu », mais réalisé au lavis d’encre de chine et au pinceau… une vrai merveille ! Il nous explique comment Hergé passe d’un premier découpage, crayonné au dos d’une planche, au découpage définitif de la planche. Comment Hergé se documente et construit ses décors, joue avec les ombres et la lumière. On a même droit à une explication technique sur la raison d’être du lavis bleu sur les planches originales. Enfin ! Les secrets d’une création révélés. Pourquoi n’a-t-on pas droit à d’aussi intéressants commentaires de sa part dans les autres volumes de la collection ?

 

Les acteurs

Comme à chaque fois, cette galerie de portraits est un véritable régal à la lecture. Les auteurs détaillent l’évolution graphique et psychologique que subissent Tintin, Milou et les Dupondt. Ils reviennent également sur l’amitié qui lie Hergé à Tchang et font le lien avec celle qui nait entre le personnage de Tchang et Tintin. On a également droit au portrait des méchants classiques que sont Mitsuhirato et Rastapopoulos. Le point soulevé par les auteurs concernant le traitement graphique des japonais par Hergé mériterait d’être moins « prudent » : Hergé leur dessine non seulement de « longues dents » (déjà tout un symbole) mais il affuble également Mitsuhirato d’un nez de cochon !

 

Tintin fait la une du Petit Vingtième

Cette rubrique reprend l’ensemble des couvertures du Petit Vingtième réalisées par Hergé pour accompagner la parution du « Lotus Bleu ». Certaines sont tout simplement époustouflantes, et on sent nettement l’influence des leçons de Tchang dans certaines d’entre-elles.  Du tout grand Hergé !

 

Le mystère de Tintin

Craignant sans doute que l’intrigue fut un peu trop complexe pour ses jeunes lecteurs, Hergé décide de publier une « annonce et mise au point » dans le Petit Vingtième avant de publier les dernières planches de son histoire. A cette occasion, Hergé réalise un portrait en buste des principaux personnages de l’aventure. C’est son collègue et ami Jam qui rédige le texte, résumant le rôle et la place de chacun dans l’intrigue qui est sur le point de se dénouer. Un inédit exceptionnel, une page oubliée et pourtant essentielle dans l’histoire de cet album.

II. L’album

Que dire du « Lotus bleu » qui n’ait pas encore été dit. L’un des albums clés de toute l’histoire de la bande dessinée.

 

III. Postface

La Chronologie est ici très courte, même si elle couvre deux années particulièrement importantes dans la vie d’Hergé. Il y a la rencontre avec Tchang, déjà longuement évoquée dans la préface. Mais il y a également la création de la première société d’Hergé : l’Atelier Hergé. Hergé tente en effet de se lancer dans l’illustration publicitaire. La rubrique « Autres activités » témoigne de l’impact qu’à cette nouvelle entreprise sur la production d’Hergé. L’atelier Hergé sera liquidé seulement quelques mois après sa création, mais Hergé sera encore régulièrement sollicité pour des illustrations publicitaires dans les années suivantes. La rubrique « Autres Héros » évoque les exploits de Quick et Flupke dans le Petit Vingtième, ainsi que la parution de l’unique aventure de Popol et Virginie, toujours dans les pages du Petit Vingtième. Hergé déborde d’énergie créative. Mais à trop tirer sur la corde…

Hergé, à quel point l’auteur et ses personnages sont devenus populaires. On mesure également le changement radical que cette charge de travail implique dans la routine artistique et créative de Hergé. Faut-il y voir l’un des éléments qui expliquent la lassitude de Hergé face à son œuvre et son travail à partir de cette époque ?

Conclusion

Mon choix de cœur va bien évidemment au « Secret de la Licorne ». Néanmoins, je dois avouer que « Le Lotus bleu » lui est bien supérieur en termes de suppléments dans cette collection. Pas étonnant qu’Atlas en ait fait le premier tome de la collection pour le marché français. Reste à savoir si le volume et la qualité des suppléments résulte de la richesse de la documentation disponible pour cet album, ou si elle reflète simplement un soin particulier apporté au premier album de la collection. Pour ma part, si à ce stade je devais conseiller l’achat d’un seul album de la collection, ce serait sans hésiter « Le Lotus bleu ».


Mon avis sur Les Archives Tintin (Atlas), vol. 7 – Au pays de l’Or Noir

Reçu après une interruption d’envoi et moultes péripéties postales, je salue au passage l’efficacité et la patience du service clientèle Atlas, et le manque d’efficacité de la poste (heureusement, nous savons qu’il s’agit d’un service postale « beta », c’est précisé dans leur nouveau sigle : bpost).

La figurine qui accompagne l'album.

La figurine qui accompagne l’album.

Voici ce que contient exactement l’album:

JOURNAL 1948-1949 (PP. 5-7)

BERLIN : LES RUSSES QUITTENT LE CONSEIL DE CONTRÔLE – LES BERLINOIS PRIS EN OTAGE – PONT AÉRIEN POUR BERLIN – COUP DE FORCE COMMUNISTE EN TCHÉCOSLOVAQUIE – NAISSANCE DE l’ALLEMAGNE FÉDÉRALE – LA MODE 1948-49 – ISRAËL NAÎT SOUS LES ARMES – L’ALLEMAGNE PARTAGÉE – SIGNATURE DU TRAITÉ DE L’ATLANTIQUE NORD CRÉATION DE L’OTAN – CHINE : TRIOMPHE DE MAO TSÉ-TOUNG – SUR LES ÉCRANS

LES SOURCES DE L’ŒUVRE (PP. 7-11)LE MANDAT ANGLAIS – 1939, LE LIVRE BLANC ET LES COMPLICATIONS DE LA GUERRE – L’ACTIVITÉ JUIVE EN PALESTINE… – …ET LA PALESTINE SOUS LES YEUX D’HERGÉ

REVUE DE DÉTAILS (PP. 12-17)L’AUTOMOBILE DES DUPONDT – L’AUTOMOBILE DU DIRECTEUR DE LA SIMOUN – L’AUTOMOBILE DES MEMBRES DE L’IRGOUN – LA JEEP DES DUPONDT – L’AUTOMOBILE DE L’ÉMIR – L’AUTOMOBILE DU DOCTEUR MÜLLER – LE SPEEDOL STAR – L’AVION DE CHASSE LANCEUR DE TRACTS – CORRECTION DE TIR

LES SECRETS D’UNE CRÉATION (PP. 18-21)AVIS DE TEMPÊTE – BOUM ! – ENTRE CONCATÉNATION ET FATRASIE – LE RETOUR D’UN FIEFFÉ GREDIN – ONDES COURTES – GESTICULATIONS

LES ACTEURS (PP.22-28)TINTIN – HADDOCK – TOURNESOL – DUPONDT – ABDALLAH – ABDUL – AHMED – BAB EL EHR – BEN KALISH EZAB – BEN MAHMOUD – BEN MOULFRID – CASTAFIORE – DAOUD – EDWARDS – GOLDSTEIN – JOUBERT – MOURAD – MÜLLER – OLIVEIRA DA FIGUEIRA – O’CONNER – THORPE – UN POMPISTE – LE PATRON DU GARAGE SIMOUN – LE DIRECTEUR DE LA SPEEDOL – UN COMMANDANT DE PÉTROLIER – DES MEMBRES DE L’IRGOUN – DES FIDÈLES MUSULMANS EN PRIÈRE

TINTIN FAIT LA UNE DU Petit Vingtième (PP. 29-33)
ANNONCES ET INÉDITS EN ALBUM (PP. 34-41)
L’ALBUM – TINTIN AU PAYS DE L’OR NOIR (PP. 43-108)

PENDANT CE TEMPS… HERGÉ (PP. 110-115)CHRONOLOGIE HERGÉ 1948-1950 – GEORGES DARGAUD ET LE TINTIN FRANÇAIS

LES AUTRES HÉROS (PP. 116-119)JO, ZETTE ET JOCKO – QUICK ET FLUPKE – POPOL ET VIRGINIE

LES AUTES ACTIVITÉS (PP. 120-124)LA PRESSE : LE PETIT VINGTIÈME, LE JOURNAL TINTIN – FILMS FIXES – PRODUITS DÉRIVÉS – CARTES DE VŒUX

COLLECTIONNEURS ET COLLECTIONS (PP. 125-128)COUVERTURES ET COTES DES DIFFÉRENTES EDITIONS DE L’ALBUM – BIBLIOGRAPHIE – EDITIONS ÉTRANGÈRES ET TRADUCTIONS RÉGIONALES

Voici mon avis détaillé sur le contenu.

I. Préface

Journal 1948-1949

En ouvrant l’album, j’étais curieux quant au choix de l’époque pour la revue d’actualité : occupation ou après-guerre ? Les auteurs ont préféré revenir sur le contexte historique au proche-orient dans la rubrique « Les sources de l’œuvre ». Un bon choix, cependant la revue de presse couvre dès lors essentiellement les événements marquant le début de la guerre froide : montée du communisme dans le monde et scission de l’Allemagne. Rien en rapport avec le contexte historique qui inspire à Hergé son album, si ce n’est le court article consacré à la naissance de l’état d’Israël.

Les sources de l’œuvre

C’est l’occasion pour les auteurs de rappeler le contexte politique qui inspira à Hergé la première mouture de cette histoire : la difficile cohabitation entre palestiniens et juifs dans ce qui était, encore, en 1939, une colonie anglaise. Une belle leçon d’histoire, bien documentée, et qui permet de faire le lien entre la période d’avant-guerre et celle d’après-guerre, lorsqu’Hergé achève enfin son histoire.

Revue de détails

L’aventure étant très pauvres en décors, les auteurs consacrent cette rubrique presqu’entièrement aux véhicules représentés dans l’album. Ce sont d’ailleurs principalement des voitures. Hélas, pas un mot sur l’étrange casque espagnol dessiné dans le coin inférieur droit de la case C4 à la planche 15.

 Les secrets d’une création

Quelques cases originales, des croquis préparatoires et un brouillon de planche, une photographie d’Hergé penché sur sa table de dessin, la plume à la main et à l’arrière-plan le poste radio que l’on retrouve également dans l’album. De quoi satisfaire le tintinophile amateur de détails. Je reste convaincu que l’intitulé des deux rubriques a dû être interverti lors de la mise en page : c’est bien Goddin qui rédige ici une « Revue de Détails ».

 Les acteurs

La galerie est cette fois remplie de très nombreux portraits. Si l’article consacré aux Dupondt m’a un peu déçu (aucune mention de leur déguisement en début d’aventure), le reste est comme toujours pertinent et un plaisir à la lecture.

 Tintin fait la une du Petit Vingtième

Semaine après semaine, Hergé publie ses planches dans Le Petit Vingtième. Et semaine après semaine, il dessine une couverture originale pour accompagner ses planches, souvent en agrandissant une case de l’aventure. Toutes les couvertures du Petit Vingtième annonçant un épisode de « Tintin au pays de l’Or Noir » sont reproduites dans cette rubrique. Pour le plaisir des yeux uniquement.

 Annonces et inédits en album

Un courrier d’Hergé aux lecteurs du Petit Vingtième, les couvertures du journal Tintin accompagnant la publication de l’aventure, les cases ayant fait les frais de la refont en album, ainsi que deux planches mises en couleur de façon maladroite par le magasine français Cœurs Vaillants.

 II. L’album

Avant de mettre à nouveau en chantier l’aventure lunaire, qu’il a décidément bien du mal à entamer, Hergé reprend d’abord une ancienne aventure de Tintin là où il l’avait interrompue dix ans plus tôt, suite à l’occupation allemande. Mais en dix ans, Hergé, Tintin et les lecteurs ont bien changé. L’humour omniprésent sauve cet album qui autrement n’aurait été qu’une aventure « rafistolée ». Je salue au passage la première apparition de l’adorable rejeton de l’Emir Ben Kalish Ezab.

III. Postface

La chronologie couvre les années 1948 à 1950. La brève période couvrant la parution des premières planches dans le Petit Vingtième (1939-1940) est couverte dans la Chronologie qui accompagne l’album « Le Crabe aux Pinces d’Or ». On découvre dans cette chronologie le courrier adressé par Hergé aux Studios Disney en 1948 – avec en regard la réponse polie mais négative des Studios Disney. Les auteurs dressent également le portrait de l’éditeur français Georges Dargaud. Une mention spéciale pour la reproduction de l’ensemble des dessins réalisés par Hergé pour les boîtes de crayons de couleur Koh-I-Noor !

Hergé, à quel point l’auteur et ses personnages sont devenus populaires. On mesure également le changement radical que cette charge de travail implique dans la routine artistique et créative de Hergé. Faut-il y voir l’un des éléments qui expliquent la lassitude de Hergé face à son œuvre et son travail à partir de cette époque ?

Conclusion

Un pari à nouveau réussi pour cet album de la collection « Archives Tintin » chez Atlas. Bel objet, mais contenu riche et justifiant le prix plus élevé qu’un album classique. Je reste persuadé que cette collection pourrait trouver sa place, en reliure cartonnée, dans le catalogue de Casterman.


Mon avis sur « Tintin. Bibliographie d’un mythe » par Olivier Roche et Dominique Cerbelaud

Les auteurs nous convient à découvrir la bibliographie d’un mythe. Je dirais, après lecture, qu’il s’agit en réalité d’une bibliographie appelée à devenir mythique que les deux complices nous livrent ici. Une bibliographie mythique par son ampleur tout d’abord : véritable travail de fourmi, elle ne recense pas moins de 388 ouvrages consacrés à Hergé et/ou à son œuvre. On y trouve tout : des ouvrages de référence aux plaquettes publiées à compte d’auteur, même le très controversé « Tintin mon copain » n’a pas été écarté. Les auteurs proposent également une sélection d’ouvrages publiés en langue étrangère (allemand, anglais, espagnol, néerlandais, portugais). La tintinophilie ne connait pas de frontières.

Bibliographie mythique par sa forme ensuite : l’impression sur papier glacé est de très bonne qualité, la mise en page est soignée, avec pour chaque référence bibliographique une reproduction en couleur de la couverture de l’ouvrage (parfois même des couvertures lorsqu’il y a eu plusieurs éditions). Un exercice facile pour les références récentes ou à large diffusion, mais un véritable défi pour les pièces plus rares, voir insolites telles que « L’agenda de Tintin » et autres fascicules édités « chez l’auteur ».

Bibliographie mythique par son contenu enfin car, loin de se contenter d’aligner simplement les références bibliographiques (auteur, titre, éditeur, date de publication), les auteurs nous proposent une bibliographique raisonnée et critique. Pour chaque référence, nous avons droit à un résumé du contenu et un avis personnel des auteurs. Un travail titanesque que je salue au passage, tant il sera utile aux générations de tintinophiles et tintinologues actuelles et à venir. Les références ne sont pas classées par ordre alphabétique d’auteur ou de titre, ni par année de parution, mais par catégorie thématique (Texte et versions, études critiques, amplifications imaginaires,…). Un choix qui se défend, mais qui n’est pas sans conséquences comme nous le verrons plus loin.

Restent deux points d’ombre au tableau. Le prix tout d’abord : il vous faudra débourser 26 euros à la caisse pour pouvoir emporter ce bel ouvrage. Pour le tintinophile passionné, ce livre vaut bien d’avantage tant son contenu est riche et agréable à feuilleter. Pour le simple amateur ou le lecteur curieux, ce prix semblera en revanche prohibitif.

Mais ce n’est rien comparé à l’erreur fondamentale commise par les auteurs de cette « Bibliographie d’un mythe ». Ils ont tellement voulu enrichir leur bibliographie qu’ils en ont oublié l’essentiel : son usage pratique ! Qu’est en effet une bibliographie sans index d’auteurs et de titres ? Imaginons que je trouve en librairie un exemplaire de « La vie cachée de Tintin » par Henri ROANNE-ROSENBLATT et je souhaite savoir ce qu’en pensent Olivier Roche et Dominique Cerbelaud. Les références n’étant classées ni par auteur, ni par titre, ni par année, je suis donc condamné à feuilleter patiemment la mythique bibliographie pour tomber par hasard, au détour d’une page, sur ladite référence.  Comment les auteurs ont-ils pu commettre une telle bourde ? En l’état, cette bibliographie se réduit à un simple catalogue que l’on feuillette avec plaisir mais qui se révèle inutilisable comme outil de recherche bibliographique.

Qu’à cela ne tienne ! Voici l’index par auteur et l’index par titre, tous deux compilés par mes soins.

Adobe-PDF-File-Icon

 

A présent, vous n’avez plus aucune excuse pour ne pas acheter ce magnifique et bientôt mythique ouvrage !


 

ROCHE, Olivier et CERBELAUD, Dominique, Tintin. Bibliographie d’un Mythe, éd. Les Impressions Nouvelles, 2014. ISBN-13: 978-2-87449-213-6


Mon avis sur Les Archives Tintin (Atlas), vol. 6 – On a marché sur la Lune

Annoncé comme envoi numéro 8, puis postposé par Atlas (faute de stock), l’album est enfin arrivé après un autre envoi. J’ai néanmoins préféré attendre l’arrivée de « On a marché sur la lune » avant d’évoquer les autres albums reçus depuis, question de cohérence dans mes billets critiques.

La figurine qui accompagne l'album.

La figurine qui accompagne l’album.

Voici ce que contient exactement l’album

JOURNAL 1950-52 (PP. 5-7)

CORÉE : ARMISTICE À PANMUNJOM – TEMPÊTE ET RAZ DE MARÉE SUR LES CÔTES DE LA MER DU NORD – MORT DE JOSEPH STALINE – MALENKOV STALINE II – ÉMEUTES À BERLIN-EST – EISENHOWER PRÉSIDENT DES ETATS-UNIS – LA MODE 53 – IRAN : TRIOMPHE ET CHUTE DE MOSSADEGH – MARRAKECH CONTRE RABAT – COUPS DE POING EN INDOCHINE – COURONNEMENT D’ÉLISABETH II – RENÉ COPTY PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE – SUR LES ÉCRANS

LES SOURCES DE L’ŒUVRE (PP. 8-9)
DERNIÈRE CHANCE
REVUE DE DÉTAILS (PP. 10-17)
LA FUSÉE LUNAIRE – LES AMÉNAGEMENTS INTÉRIEURS – LE DÉPART D’UNE FUSÉE MUE PAR LES PROPERGOLS CLASSIQUES – LE MOTEUR ATOMIQUE – LE CAMP LUNAIRE D’OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES – LE CHAR LUNAIRE – LES PAYSAGES LUNAIRES – L’EAU ET LA GLACE SUR LA LUNE – LES SERVICES DE L’AÉROPORT DE BRUXELLES-MELSBROEK MOBILISÉS EN SYLDAVIE ! – « L’AFFAIRE » DESTINATION MOON
LES SECRETS D’UNE CRÉATION (PP. 18-21)
C’EST DANS LA POCHE – LE RESCAPÉ N’EST PAS CELUI QUE L’ON PENSE – LA MUSIQUE ADOUCIT LA MORT – QUESTION DE POINT DE VUE
LES ACTEURS (PP. 22-26)
TINTIN – HADDOCKE – TOURNESOL – DUPONDT – WOLFF – GUARNERI – JORGEN (COLONEL, ALIAS COLONEL BORIS)
ANNONCES ET INÉDITS EN ALBUM (PP. 27-35)
L’ALBUM – OBJECTIF LUNE (PP. 37-102)
PENDANT CE TEMPS… HERGÉ (PP. 104-124)
CHRONOLOGIE HERGÉ 1952-1954 – LES AUTRES HÉROS (JO, ZETTE ET JOCKO – QUICK ET FLUPKE) – LES AUTRES ACTIVITÉ (LA PRESSE – LA PUBLICITÉ – CALENDRIERS – LES FILMS FIXES – COLLECTION DE CHROMOS HERGÉ « VOIR ET SAVOIR » – LES CADEAUX DU TIMBRE/CHÈQUE TINTIN – CARTES DE VŒUX – DÉCALCOMANIES
COLLECTIONNEURS ET COLLECTIONS (PP. 125-128)
COUVERTURES ET COTES DES DIFFÉRENTES EDITIONS DE L’ALBUM – BIBLIOGRAPHIE – EDITIONS ÉTRANGÈRES ET TRADUCTIONS RÉGIONALES

Voici mon avis détaillé sur le contenu.

I. Préface

Journal 1950-1952

Même remarque que pour le volume précédent, « Objectif Lune ». Les points d’actualités soulevés sont certes essentiels pour l’époque (Mort de Staline, élection d’Eisenhower à la présidence américaine), mais les auteurs passent sous silence l’évolution de la conquête spatiale…

Les sources de l’œuvre

Réduite à une double-page, dont un court paragraphe de texte, c’est le chapitre le plus décevant du volume. Certes, les sources utilisées pour « Objectif Lune » l’ont également été pour le second volume du diptyque. Mais que dire des sources ayant inspiré les paysages lunaires : les illustrations de Chesley Bonestell entre-autres dont on aurait bien voulu que les auteurs nous parlent plus en détail.

Revue de détails

Les auteurs évoquent la fusée lunaire, évidemment, mais sans se répéter par rapport à l’album précédent. Ils insistent entre autre sur les différents types de propulsions étudiés à l’époque et sur le choix du professeur Tournesol d’une propulsion hybride pour sa fusée. On y retrouve également les sources documentaires qui ont inspiré à Hergé les gags en apesanteur. Les camionnettes de pompiers qui apparaissent à la fin de l’aventure ont droit à un encart spécial, tout comme le rapprochement, hasardeux selon les auteurs, entre le film « Destination moon » et l’œuvre de Hergé.

Les secrets d’une création

Pour une fois, la rubrique signée par Philippe Goddin a retenu mon attention. Il y dévoile les notes prises au vol par Hergé au gré de son inspiration, le crayonné de la planche 46, la conception de la couverture de l’album. Mais je reste malgré tout sur ma faim après la lecture de ces 4 courtes pages.

Les acteurs

Celle-ci reste bien sûr ma rubrique favorite, mais on perçoit dans cet album la difficulté des auteurs à enchaîner après l’analyse détaillée des personnages donnée dans le volume précédent : « Objectif Lune ». Les principaux personnages : Tintin, Milou, Tournesol, Haddock et les Dupondts évoluent évidemment peu ou pas entre les deux albums. Mais je retiens tout de même la remarque pertinente à propos du « savon » passé par Tintin au Capitaine Haddock. Le portrait qu’ils brossent de Wolff, en revanche, est sans concession. Dommage que les personnages secondaires, pourtant nombreux mais discrets, aient été passés totalement sous silence.

Annonces et inédits en album

Mention toute particulière pour les nombreuses planches « perdues » : lors de l’assemblage de l’histoire en album, de nombreuses cases parues dans le journal Tintin ont été écartées par Hergé et certaines même redessinées pour faire le raccord entre deux séquences. Ces cases inédites en album sont reprises ici dans leur intégralité : un beau cadeau pour les lecteurs qui découvriront sans doute pour la première fois la véritable histoire du sauvetage du Capitaine Haddock, devenu satellite d’Adonis, ainsi que l’accident qui a failli coûter la vie à Milou. Les éditions Atlas nous gâtent…

II. L’album

La moitié de l’album se déroule à nouveau en huis clos, dans la fusée lunaire. L’autre moitié est consacrée à l’exploration de la Lune, ce qui donne lieu à de nombreux gags, dans une ambiance pourtant pesante qui tourne finalement au drame. A ma connaissance, c’est le premier album Tintin dans lequel un personnage meurt de mort violente (Jorgen, mort par balle) et un autre se suicide (Wolff). Ces deux éléments expliquent sans doute pourquoi ce diptyque est de loin celui que j’aime le moins dans l’œuvre de Hergé.

III. Postface

On mesure, au volume de la production de Hergé, ou plutôt des studios Hergé, à quel point l’auteur et ses personnages sont devenus populaires. On mesure également le changement radical que cette charge de travail entraine dans la routine artistique et créative de Hergé. Faut-il y voir l’un des éléments qui expliquent la lassitude de Hergé face à son œuvre et son travail à partir de cette époque ?

Conclusion

Ce volume a ses points forts (planches du journal Tintin inédites en album, postface très fournie), comme il a ses faiblesses (Préface plus dépouillée que les précédentes). Dans l’ensemble, je reste tout à fait convaincu de la qualité de cette collection : la valeur ajoutée des archives et de la documentation proposée en pré- et postface est incontestable en justifie amplement l’investissement.


Mon avis sur Les Archives Tintin (Atlas), vol. 5 – Objectif Lune

Pour un lecteur du XIXème siècle, blasé par les prouesses de la NASA, le diptyque spatial des Aventures de Tintin (Objectif Lune/On a marché sur la Lune) n’aura assurément pas le même charme que pour un lecteur des années 1950, à une époque ou le programme Apollo n’est encore qu’un projet ambitieux et un peu fou.

La figurine qui accompagne l'album.

La figurine qui accompagne l’album.

Pourtant, l’album Objectif Lune dans la collection Archives Tintin parvient à rendre parfaitement cette ambiance d’émerveillement face aux prouesses technologiques qu’exigera la conquête spatiale.

Mention particulière cette fois quand à l’emballage dans lequel ce volume m’est parvenu: adieu enveloppe cartonnée! Cette fois, l’album et la figurine qui l’accompagne ont été envoyées dans une boîte en carton digne de ce nom. Un emballage solide et dont le contenu ne risque pas de s’échaper si facilement. Mon hypothèse s’avère donc exacte: Atlas ne soigne pas les premiers envois.

La boîte en carton contenant l'Album.

La boîte en carton contenant l’Album.

Voici ce que contient exactement l’album

JOURNAL 1950-52 (PP. 5-7)

LES TROUPES NORD-CORÉENNES FRANCHISSENT LE 38E PARALLÈLE – OPÉRATIONS EN CORÉE – LE GÉNÉRAL MACARTHUR EN DISGRÂCE – MOSSADEGH NATIONALISE LE PÉTROLE ANGLAIS – LE PRINCE BAUDOUIN ROI DES BELGES – L’ÉGYPTE S’ENFIÈVRE POUR LE CANAL DE SUEZ – CRÉATION DE LA CECA – GUERRE EN INDOCHINE – LE GÉNÉRAL NAGUIB MAÎTRE DE L’ÉGYPTE – TROUBLES EN TUNISIE – EN BREF – SUR LES ÉCRANS

LES SOURCES DE L’ŒUVRE (PP. 8-12)

LES FONDATEURS – LES NÉOPTHYTES ENTHOUSIASTES – LES RECHERCHES ALLEMANDES – L’APRÈS-GUERRE – LES SOURCES D’HERGÉ – HERGÉ RÊVEUR MAIS EXIGEANT

REVUE DE DÉTAILS (PP. 13-17)

TINTIN ET HADDOCK ONT PRIS PLACE DANS UNE DODGE CORONET – L’AVION DE LIGNE BRUXELLES-KLOW – L’HÉLICOPTÈRE – L’USINE DE SBRODJ – LA PILE ATOMIQUE – LA FUSÉE D’ESSAI – LE DAMIER – LE TÉLÉSCOPE DU CENTRE DE SBRODJ – LE SCAPHANDRE LUNAIRE

LES SECRETS D’UNE CRÉATION (PP. 18-22)

UN CASQUE À TOUTE ÉPREUVE – UNE BONNE NATURE – UNE CHUTE INATTENDUE – UN COLLABORATEUR ESSENTIEL – VERS LA CLARTÉ

LES ACTEURS (PP. 23-30)

TINTIN – HADDOCK – TOURNESOL (LA MUTATION OU TOURNESOL MODÈLE 43, MODIFIÉ 50 – L’ÉNIGME TRYPHON TOURNESOL – LA RÉVÉLATION DU CARACTÈRE – DIES IRAE – DIAGNOSTIC) – DUPONDT – BAXTER – JORGEN – JIM – MICHEL – MILLER – ROTULE – WALTHER – WLADIMIR – WOLFF – PARMI LES FIGURANTS, NOUS REMARQUONS (UNE HÔTESSE DE L’AIR – UN DOUANIER SYLDAVE – DES CHAUFFEURS DE MAÎTRE – LE PERSONNEL DU SERVICE DE SÉCURITÉ- DES DESSINATEURS DE BUREAU D’ÉTUDES – LE PERSONNEL TECHNIQUE SPÉCIALISÉ)

ANNONCES ET INÉDITS EN ALBUM (PP. 31-33)
L’ALBUM – OBJECTIF LUNE (PP. 35-101)

PENDANT CE TEMPS… HERGÉ (PP. 102-124)

CHRONOLOGIE HERGÉ 1950-1952 – TINTIN LECTEUR DE PARIS MATCH – LES AUTRES HÉROS (QUICK ET FLUPKE) – LES AUTRES ACTIVITÉS (LA PRESSE – L’ÉDITION – PUBLICITÉS ET PRODUITS DÉRIVÉS – COLLECTION « VOIR ET SAVOIR »)

COLLECTIONNEURS ET COLLECTIONS (PP. 125-128)

COUVERTURES ET COTES DES DIFFÉRENTES EDITIONS DE L’ALBUM – BIBLIOGRAPHIE – EDITIONS ÉTRANGÈRES ET TRADUCTIONS RÉGIONALES

Voici mon avis détaillé sur le contenu.

I. Préface

Journal 1950-1952

Un panorama de l’actualité qui insiste trop, à mon avis, sur les conflits armés de l’époque pourtant absents de l’album. En revanche, pas un mot des tests V2 effectués à l’époque par la NASA et des lancements de fusées R-1 par l’Union soviétique, deux faits d’actualité qui auraient mérité une place dans ces pages.

Les sources de l’œuvre

Les auteurs nous plongent dans le contexte historique et technique du rêve le plus fou de l’humanité : la conquête de l’espace. Ils évoquent les principaux acteurs de ce rêve ainsi que les sources documentaires de Hergé. Une lecture enrichissante dont on regrette qu’elle ne dure que quelques pages.

Revue de détails

Et des détails, il y en a dans cet album qui est assurément le plus « technique » des aventures de Tintin. Fusées, télescopes, scaphandres, pile atomique, sans oublier les voitures, avions et hélicoptères. Un vrai travail de recherche, qui contraste avec la rubrique suivante…

Les secrets d’une création

Caramba, encore raté ! Je n’ai rien, à titre personnel, contre Philippe Goddin. Ses Chronologies d’une œuvre témoignent d’ailleurs de sa passion et de ses capacités à partager cette passion. Mais sa contribution aux Archives Tintin au travers de la rubrique Secrets d’une création reste décevante – une revue de Détails tout au plus… bigre, mais c’est l’intitulé de la rubrique qui précède la sienne ! Je sais, je me répète d’un billet à l’autre, mais l’intitulé « Secrets d’une création » est trop engageante pour ne pas décevoir à la lecture. Peu de véritables « Secrets » y sont dévoilés. Pourtant, nous savons que Goddin en connait de nombreux… Par exemple, s’il évoque bien la participation de Bob De Moor à cet album, il passe totalement sous silence la contribution la plus spectaculaire de celui-ci : les tours de montage, rendues avec une minutie de détail qui frise l’obsession, que l’on découvre sur la couverture ainsi qu’à la planche 56 de l’album. Caramba, encore raté !

Les acteurs

Toujours pertinente, parfois un brin impertinent, la revue des personnages de l’album est à nouveau particulièrement intéressante. D’autant que cette fois, les auteurs s’intéressent de près au personnage le plus haut en couleurs de la famille Tintin : le professeur Tournesol. Un vrai moment de bonheur.

II. L’album

L’essentiel des 62 pages de l’aventure se déroule en huis-clos, dans l’usine de Sbrodj. Une formule dangereuse, dans laquelle, nous la savons à présent, Hergé s’est senti mal à l’aise. Heureusement, le huis-clos est l’excuse pour parsemer l’album de nombreux gags afin d’égayer cette aventure. Elle se termine d’ailleurs sur un climax au suspens intense : la fusée à décollée avec succès, mais nos héros ont-ils survécu au décollage ?

III. Postface

Quel chemin parcouru depuis son bureau à la rédaction du journal le XXème siècle. Hergé est à présent à la tête de sa propre entreprise, un studio qui compte de nombreux collaborateurs auxquels il délègue une partie de son travail. Tintin devient ainsi une œuvre collective, avec bien entendu Hergé à la barre, mais enrichi par le talent des artistes dont il s’entoure afin qu’ils réalisent les décors, la mise en couleur, etc.

On mesure ici à quel point le monde de la bande-dessinée a évolué après la guerre : d’une simple « farce », la réalisation d’un album Tintin est devenue une entreprise complexe, nécessitant une quantité de travail dont les lecteurs ont rarement conscience.

La chronologie évoque également les difficultés personnelles de Hergé : sa perte de motivation face à une œuvre qui a déjà atteint un niveau monumental, et sans doute face au niveau d’exigence qui s’est considérablement accru au fil des années. Hergé craque sous la pression, s’absente durant plusieurs mois, puis reprend le fil de l’histoire. Mais quelque chose s’est brisé définitivement.

Enfin, pour les amateurs, notons que les dernières pages sont entièrement consacrées aux chromos « Voir et Savoir » avec de nombreuses reproductions desdits chromos.

Conclusion

Un volume à la hauteur de mes espérances, riche en documents et analyses qui mettent en perspective l’album. Bien entendu, les auteurs on gardé quelques informations en réserve, sans doute pour mieux rebondir dans l’album suivant, On a marché sur la Lune. Hélas, dans la séquence d’envoi des éditions Atlas, l’album suivant ne sera pas On a marché dans la Lune. Il me faudra donc patienter avant de découvrir la suite…