Annoncé comme envoi numéro 8, puis postposé par Atlas (faute de stock), l’album est enfin arrivé après un autre envoi. J’ai néanmoins préféré attendre l’arrivée de « On a marché sur la lune » avant d’évoquer les autres albums reçus depuis, question de cohérence dans mes billets critiques.
Voici ce que contient exactement l’album
JOURNAL 1950-52 (PP. 5-7)
CORÉE : ARMISTICE À PANMUNJOM – TEMPÊTE ET RAZ DE MARÉE SUR LES CÔTES DE LA MER DU NORD – MORT DE JOSEPH STALINE – MALENKOV STALINE II – ÉMEUTES À BERLIN-EST – EISENHOWER PRÉSIDENT DES ETATS-UNIS – LA MODE 53 – IRAN : TRIOMPHE ET CHUTE DE MOSSADEGH – MARRAKECH CONTRE RABAT – COUPS DE POING EN INDOCHINE – COURONNEMENT D’ÉLISABETH II – RENÉ COPTY PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE – SUR LES ÉCRANS
Voici mon avis détaillé sur le contenu.
I. Préface
Journal 1950-1952
Même remarque que pour le volume précédent, « Objectif Lune ». Les points d’actualités soulevés sont certes essentiels pour l’époque (Mort de Staline, élection d’Eisenhower à la présidence américaine), mais les auteurs passent sous silence l’évolution de la conquête spatiale…
Les sources de l’œuvre
Réduite à une double-page, dont un court paragraphe de texte, c’est le chapitre le plus décevant du volume. Certes, les sources utilisées pour « Objectif Lune » l’ont également été pour le second volume du diptyque. Mais que dire des sources ayant inspiré les paysages lunaires : les illustrations de Chesley Bonestell entre-autres dont on aurait bien voulu que les auteurs nous parlent plus en détail.
Revue de détails
Les auteurs évoquent la fusée lunaire, évidemment, mais sans se répéter par rapport à l’album précédent. Ils insistent entre autre sur les différents types de propulsions étudiés à l’époque et sur le choix du professeur Tournesol d’une propulsion hybride pour sa fusée. On y retrouve également les sources documentaires qui ont inspiré à Hergé les gags en apesanteur. Les camionnettes de pompiers qui apparaissent à la fin de l’aventure ont droit à un encart spécial, tout comme le rapprochement, hasardeux selon les auteurs, entre le film « Destination moon » et l’œuvre de Hergé.
Les secrets d’une création
Pour une fois, la rubrique signée par Philippe Goddin a retenu mon attention. Il y dévoile les notes prises au vol par Hergé au gré de son inspiration, le crayonné de la planche 46, la conception de la couverture de l’album. Mais je reste malgré tout sur ma faim après la lecture de ces 4 courtes pages.
Les acteurs
Celle-ci reste bien sûr ma rubrique favorite, mais on perçoit dans cet album la difficulté des auteurs à enchaîner après l’analyse détaillée des personnages donnée dans le volume précédent : « Objectif Lune ». Les principaux personnages : Tintin, Milou, Tournesol, Haddock et les Dupondts évoluent évidemment peu ou pas entre les deux albums. Mais je retiens tout de même la remarque pertinente à propos du « savon » passé par Tintin au Capitaine Haddock. Le portrait qu’ils brossent de Wolff, en revanche, est sans concession. Dommage que les personnages secondaires, pourtant nombreux mais discrets, aient été passés totalement sous silence.
Annonces et inédits en album
Mention toute particulière pour les nombreuses planches « perdues » : lors de l’assemblage de l’histoire en album, de nombreuses cases parues dans le journal Tintin ont été écartées par Hergé et certaines même redessinées pour faire le raccord entre deux séquences. Ces cases inédites en album sont reprises ici dans leur intégralité : un beau cadeau pour les lecteurs qui découvriront sans doute pour la première fois la véritable histoire du sauvetage du Capitaine Haddock, devenu satellite d’Adonis, ainsi que l’accident qui a failli coûter la vie à Milou. Les éditions Atlas nous gâtent…
II. L’album
La moitié de l’album se déroule à nouveau en huis clos, dans la fusée lunaire. L’autre moitié est consacrée à l’exploration de la Lune, ce qui donne lieu à de nombreux gags, dans une ambiance pourtant pesante qui tourne finalement au drame. A ma connaissance, c’est le premier album Tintin dans lequel un personnage meurt de mort violente (Jorgen, mort par balle) et un autre se suicide (Wolff). Ces deux éléments expliquent sans doute pourquoi ce diptyque est de loin celui que j’aime le moins dans l’œuvre de Hergé.
III. Postface
On mesure, au volume de la production de Hergé, ou plutôt des studios Hergé, à quel point l’auteur et ses personnages sont devenus populaires. On mesure également le changement radical que cette charge de travail entraine dans la routine artistique et créative de Hergé. Faut-il y voir l’un des éléments qui expliquent la lassitude de Hergé face à son œuvre et son travail à partir de cette époque ?
Conclusion
Ce volume a ses points forts (planches du journal Tintin inédites en album, postface très fournie), comme il a ses faiblesses (Préface plus dépouillée que les précédentes). Dans l’ensemble, je reste tout à fait convaincu de la qualité de cette collection : la valeur ajoutée des archives et de la documentation proposée en pré- et postface est incontestable en justifie amplement l’investissement.