Les Exploits de Quick et Flupke – 1e Série – Le Soir, Casterman, Moulinsart

Le journal belge Le Soir, en collaboration avec Casterman et Moulinsart, propose depuis le 7 février 2015 une « magnifique collection » de 12 albums de Quick et Flupke.

Onze titres, de 48 pages chacun, sont annoncés (Série 1 à 11 des gags en couleur de Quick et Flupke tels qu’ils ont été publiés à partir de 1949 par Hergé). Un douzième titre, de 84 pages celui-là, viendra clore la série. Il s’agira de 31 gags en « bruxellois » accompagnés d’un lexique.

Je viens d’acquérir le premier titre de la série, paru ce jour même. Voici mon avis.

Le format de l’album est plus petit que celui d’une BD classique : 19,3 x 26 ,3 cm. Le dos de l’album est en cuir ou imitation cuir de couleur rouge, sans inscription. Cela fait certes authentique, mais ce n’est pas pratique pour piocher un volume précis sur l’étagère. C’est sans doute le sacrifice à faire pour disposer d’une réédition en fac-similé. L’édition est soignée, l’impression de qualité, Casterman oblige. Le papier en revanche est un peu fin. Attention ! Objet fragile.

Quant au contenu… je suis resté sur ma faim. Le volume contient 30 gags de Quick et Flupke, et sept pages d’introduction. Mais le texte de l’introduction n’occupe que le tiers inférieur de chaque page. Les 2/3 supérieurs reproduisent des crayonnés et des dessins d’Hergé, des photographies, des documents d’époque. Un calcul rapide nous montre donc que Goddin et Couvreur ont rédigé moins de deux pages et demi de texte pour accompagner ce volume (et j’imagine que les suivants seront présentés de la même façon, 2/3 documents, 1/3 texte). C’est peu, très peu. Multiplié par 11, cela ferait un total d’un peu plus de 25 pages.

La quantité n’y est donc pas, mais qu’en est-il de la qualité. Après lecture, l’introduction laisse un goût de superficialité. Les auteurs n’expliquent pas dans quel contexte Hergé est amené à créer la série, ils expliquent juste ce qui l’a inspiré (ses amis, les souvenirs d’enfance,…). Le « Petit Vingtième » est évoqué, mais ils omettent d’expliquer ce qu’est ce « Petit Vingtième ». Un lecteur qui n’est pas familiarisé avec l’univers d’Hergé risque de ne rien comprendre du tout. Ce texte aurait-il été « recyclé » à partir d’un article paru ailleurs, dans un autre contexte ?

Ils évoquent très brièvement l’histoire de ces « onze petits albums en couleur des Exploits de Quick et Flupke« , précisant que les éditions plus récentes ont été « adaptées voire redessinées par les Studios Hergé ». A nouveau, à moins de bien connaître l’histoire éditoriale de l’œuvre d’Hergé, et son parcours de dessinateur solitaire à directeur d’un Studio, le lecteur risque d’y perdre son latin… pardon, son bruxellois.

A 7,5 euros le volume, faut-il acheter cette série ?

  • Si vous possédez déjà la réédition des Exploits de Quick et Flupke (1949) en 2 volumes, parue en 2011 chez Casterman (ISBN 978-2203016101 et 978-2203047358, format 29×21,9 cm, 25 euros le volume), passez votre chemin ! Vous possédez déjà un contenu strictement identique, imprimée sur un papier plus épais et de meilleure qualité, dans un format plus grand, pour un prix nettement inférieur. Il vous manquera juste l’introduction de Couvreur et Goddin, dont le contenu est sans intérêt pour un tintinophile averti.
Casterman_Exploits_de_Quick_et_Flupke_2011_2_volsLes Exploits de Quick et Flupke – Intégrale couleur, vol. 1. Casterman, 2011. 182 p. ISBN 978-2203016101. 25 euros.
Les Exploits de Quick et Flupke – Intégrale couleur, vol. 2. Casterman, 2011. 151 p. ISBN 978-2203047358. 25 euros.
  • Vous possédez déjà du Quick et Flupke dans une édition récente, ou vous ne possédez aucun album de la série. Si vous vous intéressez aux dessins originaux d’Hergé, non-retouchés par ses collaborateurs du Studio, le choix est simple : prenez l’édition en deux volumes. Elle vous reviendra nettement moins chère pour un produit de meilleure qualité.
  • Vous êtes un collectionneur fou : dans ce cas, vous allez de toute façon acheter les 11 titres de la collection.

Reste le mythique 12eme titre – celui qui proposera 31 gags en bruxellois avec un lexique. Celui-là, manneke, je l’attend de pied ferme. Pour ça, tu peux me croire !